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Un club info sur de bons rails ...

Et oui après deux chroniques remplies de calamités je suis de retour. Vous pensiez en avoir fini avec ce vieux croûton de Kenshiro72 ? Et bien c'est raté je reviens encore vous hanter de ma plume fanée ! Merci encore à l'équipe de Crack'n Rom de me laisser envahir leur webzine de mes textes exhalant la naphtaline.Comme je l'ai écrit dans un ancien numéro du fanzine ùCPM mon premier CPC était un 464 QWERTY à touches hautes importé du Royaume Uni, couplé à un moniteur CTM 640 de mauvaise qualité. Mais ce beau crocomicro avait l'énorme désavantage d'être livré avec un manuel dans la langue de David « The Brain » Niven.


Nous sommes à l'été 1985, mon niveau en anglais étant plus que lamentable j'étais en grande difficulté face à cet ouvrage presque totalement indéchiffrable. Je voulais me mettre au Basic, programmer des petits jeux, bref utiliser au mieux ma nouvelle machine, tout simplement. Alors que faire me direz-vous ? Se jeter corps et âme sur un Harrap's et dormir avec ? Rajouté à cela le fait que je n'avais pas les moyens de m'offrir des bouquins du genre de l'excellente collection de chez Micro Application/Data Becker, j’étais plus ou moins dans une impasse.


Il ne restait, à mon sens, qu'une option valable : rejoindre un club informatique. Or mon père travaillant à la SNCF (oui c'est possible, pardon c'est bleussipo !) il m'appris qu'il existait un club informatique au sein de cette vénérable structure ferroviaire toujours à l’heure, du nom de Microfer Toulouse. Car oui j'ai oublié de le préciser, je vivais (et je vis toujours) dans la pampa Toulousaine, patrie de l'immense Claude Nougaro, de l'Aérospatiale et du cassoulet qui déclenche des tremblements de terre. Nous voilà quelques mois plus tard, fin 1985, les locaux du club étaient situés dans l'ancienne gare de triage de Toulouse-Raynal, pas très loin de la gare voyageurs (Matabiau), qui en occitan veut dire "tuer le bœuf", et oui pas de Gallinette Cendrée en centre-ville. Pour l’anecdote flippante c’est en apprenant que la gare était bâtie sur d’anciens abattoirs que je compris pourquoi je voyais des entrecôtes fantomatiques flotter dans l’air en attendant le départ de mon train, fin de la parenthèse « Sixième Sens / I see dead Meat ». Dans un bâtiment déjà très vétuste (démoli depuis) se tenait le local du club, qui se résumait à une assez grande salle de conférence au rez-de-chaussée. Ça ne payait pas de mine au premier abord, mais dès les présentations faites avec l'équipe de formateurs/animateurs le courant passa instantanément, je me sentais déjà très à l'aise, et prêt à en découdre avec le basic de l'Amstrad CPC. Spécial dédicace à Monsieur Noël s’il me lit, merci pour tout !


"Je m'voyais déjà en une d'un fanzine, en dix fois plus gros que n'importe qui mon nom s'étalerait dans Amstrad Magazine, je m'voyais déjà adulé et riche, signant les jaquettes de mon jeu aux fans de mon hit fétiche" Nous étions, si je me rappelle bien, environ une vingtaine de personnes en tout, une quinzaine d'adhérents sans oublier les animateurs. La première chose qui m'interpella fut la diversité des personnes membres. Allant du petit (et déjà perché) Kenshiro72 ado, au retraité bougon chauve dont le loisir était d'empiler les disquettes 3 pouces dans un Jenga Amsoftien, preuve branlante de sa passion pour la machine d'Alan Michael Sugar. Car oui 99% des inscrits possédaient soit un 464, 664 (qui reste encore aujourd'hui pour moi un rêve inaccessible) ou le tout récent 6128 que je découvrais en live à cette occasion, et sur lequel je bavais déjà de convoitise et d’admiration... Les réunions hebdomadaires se déroulaient le plus souvent de la manière suivante : initiation à l'informatique, cours de Basic Locomotive (c'était de circonstance !), puis une période de temps libre pour faire ce que l'on voulait sur nos machines, ou celles mises à disposition. Et là vous me voyez sûrement venir, car oui nous passions ce temps libre à se copier des jeux, des utilitaires, et bien entendu jouer aux dernières nouveautés. Heureusement qu'à ce moment j'avais déjà mon DDI-1, car je n'aurais jamais pu me procurer autant de logiciels sur le support cassette !


C'est d'ailleurs à Microfer qu'on m'a dupliqué mon premier jeu : Sorcery, petite merveille sur laquelle j'ai passé des heures, et même aujourd'hui encore. J'y ai également découvert, entre autres softwares, le bien pratique Tomcat (logiciel de copie pour cassette) et l'incontournable Discology ! Ou un des membres m'appris à utiliser l'éditeur hexadécimal afin d'y modifier des valeurs pour avoir des vies infinies, l'invincibilité, etc. Et même, bêtise suprême, changer le nom du concepteur du jeu par le mien ! Aujourd'hui quand j'y repense je trouve ça totalement débile, même si sur le moment je trouvais ça marrant, désolé votre horreur je plaide coupable pour défaut de jeunesse. Une activité que j'avais aussi découvert là-bas bien plus tard était la conception de fanzines en PAO (comme quoi on ne se refait pas), mais point de Semwod/Oxford PAO comme pour ûCPM. A la place nous utilisions AMX Pagemaker, que j'avais trouvé assez agréable. Par contre aujourd'hui je serais totalement incapable de m'en servir, je n'y ai jamais retouché depuis. Et malheureusement je n'ai point pu remettre la main sur un des fanzines édités à l'époque. Le tri sélectif a fait des ravages dans mes archives, je m'en mords encore les doigts aujourd'hui, c'est pourquoi je suis devenu si mauvais comme joueur, et que je n'ai toujours pas dépassé le niveau 3 au superbe Toki des GGP. L'autre avantage indéniable que j'avais beaucoup apprécié était la possibilité d'emprunter du matériel pour sa propre machine. Comme je n'avais pas de DMP à la maison j'ai souvent "subtilisé" une imprimante matricielle, dont je me rappelle plus la marque. Mais qui m'a rendu d'inestimables services pour taper des cours et imprimer des petites annonces, et même mes premiers textes d'écrivain/poète amateur. Non non ces poèmes pour Maria W. resteront à jamais dans les limbes du passé, pas question de les publier ici ou dans un futur fanzine !


J'ai quitté le club quelques années plus tard car j'étais passé sur une machine 16 bits de chez Atari (oui j'ai encore honte aujourd'hui !). Avec le temps j'avais fini par me lasser, ayant d'autres centres d'intérêt, mais au final cela reste une super expérience. A une ère ou internet n'existait pas encore, apprendre les rudiments de la micro-informatique, découvrir le Basic, la création d'un fanzine, et surtout pouvoir partager sa passion avec d'autres férus du cpc était une expérience formidable. Aujourd'hui 39 plus tard je suis très nostalgique de cette période dorée de la micro, ou le contact humain, la simple passion et l'entraide prévalaient sur toute autre considération. Oui vous pouvez dire que je suis un vieux c.... mais je l'assume avec force, et ce n'est pas maintenant que je vais changer de toute façon.


Néanmoins (tel le Sphinx, sacré Obélix !) je suis heureux qu'après tout ce temps il reste encore des passionné(e)s de ces belles machines, et que l'on continue à partager malgré les distances, même si ce n'est plus la même chose. Profitons-en au maximum, car la grande croco-faucheuse finira par faire son office, et tout ceci finira dans la poussière du temps, ou dans un musée c'est selon. Terminus, tout le monde descend ! Car ce n’est pas tout ça mais, en compagnie de mon acolyte et ami Titi nous avons de nouveaux fanzines à vous préparer. Merci d'avoir lu ces quelques lignes plus nostalgiques que catastrophiques, rendez-vous prochainement sur ce webzine pour une future chroconique que je vous promets encore plus vétuste et rabougrie. Prenez bien soin de vous et de vos vaillantes machines, et à la re-voie-yure..



Kenshiro72 from ùCPM

Crack'n Rom Nostalgie