
Une chronique amstradienne
C’était une de ces sympathiques journées de vacances de fin d’année. Une de ces journées de quartier libre : opération glandage totale : lire, regarder des vidéos et jouer à plein de jeux vidéo. Au programme : Rétro gaming Amstrad et Amiga, jouer sur Pc et Playstation, cuisiner, manger, regarder un ou deux épisodes de série et pourquoi pas un film... « On va tout faire, on a le temps.» me dis-je en lançant une partie de Red Alerte 2 sur mon vieux MacPro-Pc... Quelques heures plus tard, alors que je venais de triompher des armées de cet infâme Youri, un rapide coup d’œil à l’horloge me permit de constater que ce diable rouge m’avait mis en très en retard sur mon agenda de ministre de la glande. C’est pourtant à ce moment précis qu’une autre idée germa dans mon esprit : quitte à chambouler mon programme, pourquoi ne pas en profiter pour brancher mon bon vieux CPC 6128 et réparer son lecteur de disquette défectueux ?


« Mais oui, je vais faire ça très vite. Avec tous les tutos Youtube que j’ai regardé sur le sujet, ça va être réglé en deux, trois coups de tournevis.... ». Déterminé, j’allais prestement chercher mon 6128 et sa petite Tv Samsung. Ma surface habitable étant quelque peu limitée, je n’ai pas la place pour un moniteur Amstrad original. Madame n’a rien voulu savoir. Après quelques recherches j’ai donc récemment opté pour le combo TV + un « Cable RGB- SCART + fuente de alimentación para Amstrad CPC 664/6128 » soit un câble adaptateur RGB Peritel et une alim, commandé chez un revendeur en ligne espagnol. Ça marchait pas mal, je l’avais déjà testé plusieurs fois.
À ce stade, il faut que je vous parle un peu de mon CPC. C’est une machine que j’ai trouvé dans la rue, à Marseille, un soir du début des années 2000, dans le quartier La Plaine, Cours Julien. Une découverte miraculeuse quand on connait les petites rues très animées de ce secteur, lieu de fête haut en couleur et bien arrosé. Ce simple fait lui confère à mes yeux une valeur toute particulière. Ainsi sauvé de la benne, ce CPC a ensuite coulé des jours tranquilles pendant une vingtaine d’années à l’abri d’une boite dans la maison parentale. L’été dernier, je me décidais enfin ( mieux vaut tard que jamais ) à le nettoyer en profondeur et à le rebrancher : il marchait impeccablement, à l’exception du lecteur de disquette qui faisait de gros « clacks-clacks » malgré un changement de courroie.Ce soir donc, j’étais décidé : j’allais réparer ce lecteur défaillant. Il s’agissait de ne pas traîner. J’avais encore plein de choses au programme de la soirée. Efficace au max la journée tranquille on a dit.
J’entrepris donc prestement le branchement de la vieille bécane. « Ha zut, j’ai un peu oublié comment se connecte ce truc alim peritel... Ha oui le Cpc à plusieurs alimentations... Il y a donc deux câbles d’alim, plus la sortie vidéo... voyons voir... je l’ai déjà fait plusieurs fois, ça doit être comme ça... hop... » ... C’était une soirée calme d’hivers. Chacun dans l’immeuble vaquait à ses occupations. La voisine du premier scrollait son feed insta en position de yoga chien tête baissée. Le voisin du deuxième, panier de course à la main, remontait péniblement chez lui tandis que celui du troisième entamait ses fishs and ships Picard devant son émission TV favorite. Au dernier, on ouvrait la première bouteille de l’apéro dinatoire auquel étaient conviés les collègues de travail de madame. Soudain un cri assourdissant retentit, bientôt suivi d’une bordée de jurons abominables qui pétrifia chacun dans l’immeuble et les foyers alentour.
« PUTIN DE MERDE MON CPC ! PUTIN DE CÂBLE DE MERDE PUTIN ******************* »
On n’osait plus bouger dans les escaliers. Le chien tête baissée frôlait la crampe. Les fish and chips brûlaient les doigts et le vin débordait du verre que tentait de servir le mari de madame... Hé oui, malheureusement vous l’aurez compris, je venais de griller mon CPC en le branchant n’importe comment ! Pressé comme j’étais, j’avais bêtement interverti les câbles du DC 5v et 12v à l’arrière de la machine. Le CPC n’affichait plus qu’un carré blanc, tandis qu’une petite odeur de combustion remontait du clavier. Je le démontais illico presto pour constater avec effroi que plusieurs modules de ram étaient brulants... C’était plié, bravo, bien joué. Alors oui. Oui c’est bien moi qui ai fait absolument et fatalement n’importe quoi. Le gros « Noob » que je suis... alors que je manipule et utilise des ordinateurs depuis les années 80. La loose. Pour ma défense, je me dois de souligner que ce câble « RGB-Scart-Alimentación » n’a ni détrompeur ni code couleur qui permette de différencier le 5V du 12V. On peut donc aisément se tromper et faire cramer la machine.
Le lendemain je m’empressais de contacter le revendeur... qui se dit désolé. C’est pour ça, me dirent-ils, qu’ils vendent le câble déjà connecté pour éviter que le client ne puisse se tromper. J’avais fait l’erreur de tout déconnecter en le rangeant la dernière fois. Moi qui ai toujours eu un Écran Amstrad avant cette petite Tv Samsung, je n’étais pas du tout habitué à des branchements compliqués. Vous comprendrez bien que ma note du câble Rgb-Scart-Alimentación est très basse. « Je ne suis pas trop satisfait de ce matériel » cela va sans dire. Ce câble n’est d’ailleurs plus en vente. Le site propose maintenant un modèle avec deux alims distinctes. Je ne suis probablement pas la seule victime de ce mauvais produit ( oui, je suis fâché ). Alors, chers Amstradien du dimanche comme moi, surtout faites bien attention s’il vous plait. Prenez le temps avec ces vieilles machines, surtout si vous avez un système de branchement - alimentation non d’origine. J’ai pour ma part bien appris ma leçon, hélas de la pire des façons :/. Il me faut maintenant trouver quelqu’un qui puisse réparer ce brave CPC 6128. Je ne l’ai pas sauvé des poubelles il y a 25 ans pour l’abandonner comme ça aujourd’hui. J’ai une piste et un grand espoir...
Mais ça, c’est une autre histoire...Starsk